Les pêcheurs, acteurs pour des solutions plus durables pour l'environnement
Les pêcheurs, acteurs pour des solutions plus durables pour l'environnement21 novembre, journée mondiale des pêcheurs artisans et des travailleurs de la mer.
La journée mondiale des pêcheurs, le 21 novembre, est l’occasion de mettre en lumière le travail de chercheurs en psychologie ergonomique du Laboratoire des Sciences et Technologies de l'Information, de la Communication et de la Connaissance (Lab-STICC) en collaboration avec des pêcheurs français et anglais dans le cadre du projet européen INdIGO piloté par l'Université Bretagne Sud (UBS).
Accompagner l'innovation
L’objectif de la recherche est d’accompagner l’innovation (la conception d’un filet de pêche biodégradable) pour que celui-ci puisse être adapté aux besoins des utilisateurs finaux et être véritablement intégré dans les pratiques futures des pêcheurs. La collaboration entre les acteurs de la pêche, des chercheurs en sciences sociales et en sciences de l’ingénieur est originale et essentielle pour faire aboutir un projet qui favorise la transition vers des pratiques durables.
Plusieurs études ont été réalisées :
- des analyses in situ sur l’utilisation du filet de pêche actuel ont été réalisées pour comprendre les contraintes qui s’exercent sur le filet en condition de pêche. Ces analyses contribuent à concevoir un filet qui tient compte des contraintes d’usages. Ces analyses ont permis de faire des recommandations essentielles aux concepteurs du fil et du filet de pêche biodégradable,
- une enquête auprès de plus de 200 pêcheurs français et anglais a été réalisée. Le questionnaire a permis d’avoir un accès aux représentations des pêcheurs et d’identifier les freins et les leviers vis-à-vis du filet de pêche biodégradable.
Vidéo de vulgarisation
Une vidéo de vulgarisation des résultats de l’enquête sera diffusée pour la première fois lors de cette journée mondiale des pécheurs et accessible en ligne par la suite.
Résultats de l'enquête
Quelques chiffres
La majorité des participants à l’enquête sont des armateurs et patrons qui utilisent des engins passifs (casiers, filets et lignes). Les fileyeurs sont majoritairement représentés (35%).
Utiliser des filets biodégradables : dans quelles conditions ?
L’analyse des résultats montre que la majorité des participants (73%) souhaite utiliser un filet de pêche biodégradable dans les mois à venir. Pour les pêcheurs ayant participé à l’enquête, les critères de performance sont primordiaux : le filet biodégradable doit être aussi efficace que le filet traditionnel, c’est-à-dire pêchant, résistant et solide.
Les résultats montrent que la valorisation du produit de la pêche et de l'activité de pêche auprès des clients et du grand public pourrait favoriser l’intention d’utiliser le filet, à l’aide d’une labellisation par exemple. Pour plus de la moitié des pêcheurs interrogés, il est important que la famille et la clientèle approuvent leurs choix d’engins de pêche. Il semble que les arguments environnementaux soient utiles pour intéresser les pêcheurs aux filets de pêche biodégradables
Les pêcheurs ont exprimé la volonté d’essayer le nouveau filet biodégradable. Certains sont déjà partie-prenante par des tests grandeurs nature.
Enfin, un surcoût de 1 à 10% à l’achat du filet biodégradable est envisageable pour la moitié des pêcheurs interrogés. Cependant, la majorité déclare qu’une aide financière est essentielle pour commencer à utiliser un filet biodégradable.
Engins de pêche abandonnés, perdus ou jetés : en savoir plus pour améliorer la prévention et la gestion de la pollution
L’enquête INdIGO a permis d’en savoir plus sur les engins de pêche perdus, abandonnés ou jetés. 42% des pêcheurs sont d'accord pour dire que les mauvaises conditions météorologiques causent des pertes de filets. Les pêcheurs considèrent également que le manque de sensibilisation et de formation entraîne des pertes d'engins. Les autres facteurs causant la perte d'engins mis en avant par les pêcheurs sont les installations de collecte inadéquates (par exemple, le nombre insuffisant de poubelles) (32%) et les rejets délibérés (31%).
La grande majorité (près de 90 %) des répondants anglais et français ont indiqué qu'ils rencontrent des engins de pêche abandonnés en mer. Lorsque des engins de pêche abandonnés sont rencontrés, presque tous les pêcheurs de l'échantillon (90%) ont déclaré les ramener à terre pour les éliminer. Pour plus de la moitié des pêcheurs (56%) cette élimination se fait via les poubelles pour les déchets tout venant alors que 40% utilisent les conteneurs réservés aux engins de pêche.
Enfin, en ce qui concerne la connaissance des réglementations relatives à la gestion des engins de pêche en fin de vie, 78% des personnes interrogées déclarent ne pas connaître les réglementations relatives aux engins de pêche usagés. Cependant, il apparaît que les jeunes générations sont davantage informées de l’existence de réglementations sur la gestion des EPU que les générations précédentes.
Quelques chiffres-clés
- Pour 91,7% des répondants, les engins de pêche biodégradables devraient être aussi pêchant que les engins de pêche actuels.
- Pour 94,5%, la possibilité d'essayer les nouveaux filets les inciteraient fortement à les utiliser par la suite
- 63,7% des répondants accepteraient d'adopter le filet biodégradable moyennant un coût supplémentaire. Une aide financière serait une incitation pour 83% des répondants.
- Concernant la réduction de la durée de vie des engins de pêche, elle est acceptable pour 65,7% des participants.
- Au niveau technique, 76,4 % des pêcheurs considèrent que la résistance des filets est très ou extrêmement influente.
Présentation des partenaires impliqués
L’enquête a été menée par 3 partenaires du projet INdIGO : le Lab-STICC, le CEFAS et le Synergie Mer Et Littoral (SMEL).
Le laboratoire Lab-STICC de l’Université Bretagne Sud se concentre sur l’interaction entre les humains et les systèmes. Son expertise technique concerne la compréhension de l’environnement d’accueil de l’innovation.
Le SMEL, Synergie Mer Et Littoral, est un centre technique situé en Normandie qui apporte un soutien technique aux professionnels maritimes et un accompagnement au développement des productions (prospective, recherche et développement). Les projets répondant à des enjeux environnementaux sont toujours plus nombreux et la problématique des déchets marins fait aujourd’hui partie des préoccupations de ces filières.
Le CEFAS est un centre technique anglais qui travaille avec les industries de la pêche et de l'aquaculture. L’équipe en charge des déchets marins possède des années d’expérience dans le traitement des déchets marins et en particulier de la pollution plastique, allant de l’observation des plus gros débris à la surveillance des microplastiques.