Journée des femmes et filles de science : elles sont doctorantes à l’UBS

Journée des femmes et filles de science : elles sont doctorantes à l’UBSMama Salimata, Manon, Anna, et Jeanne font partie des 79 doctorantes qui font leur thèse à l’UBS. Et en ce 11 février, journée internationale des femmes et filles de sciences, elles ont un message à faire passer aux jeunes filles qui hésitent à se lancer dans les sciences ! Zoom sur leur parcours, les questions scientifiques qui les animent et leurs recherches en cours.

Quand as-tu su que la science était faite pour toi ?

Mama Salimata LAYE : J’ai toujours été ce qu’on appelle une « geek », fervente téléspectatrice de « C’est pas sorcier » et émissions apparentées et lectrice. J’étais intéressée depuis petite par les phénomènes scientifiques de tous les jours et les mécanismes à l’origine.

Mais au collège puis au lycée, en plus d’avoir des professeurs qui me donnaient envie d’en savoir plus, j’ai développé une passion pour la physique-chimie et donc naturellement après le bac j’ai choisi de suivre cette voie.

 

Manon LOBJOIS  : J'ai rapidement aimé le travail de recherche, dès la licence, j'aimais faire des exposés, les préparer et les présenter.

 

Anna DENIEL : Depuis toute petite, j’ai toujours été fascinée par les sciences. D’abord passionnée par l’astrophysique, j’ai exploré différents domaines. J’ai toujours suivi ce qui m’animait, en gardant l’esprit ouvert. J’ai aussi été entourée de professeur(e)s qui ont cru en moi, et m’ont encouragée à aller plus loin. Grâce à eux, j’ai osé poursuivre dans cette voie et j’ai touché du doigt mon rêve de jeune fille : faire de la recherche. Dès mes premières années dans l’enseignement supérieur, j’ai su que ma place était dans la communauté scientifique. Aujourd’hui, ma thèse en est la concrétisation.

 

Jeanne LEMARIÉ : Mon attrait pour la science traduit ma volonté de comprendre le monde qui m’entoure. J'ai toujours été animée par le désir de décortiquer les mécanismes à l'œuvre dans les problèmes sociétaux et j’ai toujours aimé résoudre des problèmes. La science est avant tout une démarche d'investigation visant à apporter des réponses à des questions. J'apprécie particulièrement l'aspect stimulant de la recherche de solutions, de l'élaboration de modèles pour appréhender la réalité. Au-delà de la simple description des faits, la science cherche à établir des liens de causalité, à identifier des régularités. Cette quête de sens me semble fondamentale pour contribuer à une meilleure compréhension du monde.

Quelle est la question scientifique qui te fait réfléchir en ce moment ? 

Mama Salimata : Quels sont les composés organiques volatils dégagés par une plaie chronique ? Ma thèse concerne le développement de capteurs pour le diagnostic de plaies chroniques par l’analyse et la détection des composés dégagés par celles-ci. Disons que l’identification de ces molécules seraient une grosse avancée dans ma recherche actuellement. Cela me permettra de développer des capteurs qui leur seront sensibles. Le but étant d'encourager la télémédecine car les plaies chroniques constituent un problème de santé coûteux qui immobilisent des patients longtemps.

 

Manon : En ce moment, je finis ma thèse. Je viens de boucler mon dernier article de thèse qui porte sur la satisfaction des agriculteurs dans leurs circuits de distribution.

 

Anna : Comment rendre les algues accessibles à tous, pour un apport protéiné journalier ? Ma recherche porte sur l’extraction des protéines d’algues afin de développer de nouveaux ingrédients pour la restauration hospitalière. Mon objectif est de valoriser chaque fraction de l’algue pour exploiter au maximum ses bienfaits nutritionnels. Je veux trouver des solutions durables et innovantes pour intégrer ces ressources marines dans notre alimentation.

 

Jeanne : En tant que doctorante en sciences de gestion, spécialisée dans le marketing social, je suis particulièrement interpellée par la question suivante : Comment les stéréotypes de genre influencent-ils les parcours d'orientation, notamment ceux des filles vers les filières scientifiques ? La sous-représentation des filles dans les filières scientifiques est un constat persistant, et il est crucial de comprendre les mécanismes qui y contribuent afin de mettre en place des actions de marketing social efficaces pour promouvoir l'égalité des genres dans les filières scientifiques. Cette question de recherche me passionne. J'espère que mes travaux contribueront à apporter des éclairages nouveaux sur cette problématique et à proposer des solutions concrètes pour favoriser l'accès des filles aux filières scientifiques.

Avec quelle femme scientifique aimerais-tu échanger ?

Mama Salimata : Rosalind Franklin. Elle a découvert la structure à double-hélice de l’ADN mais n’a pas reçu de prix Nobel ! J’aurais aimé discuter avec elle et en apprendre plus sur cette découverte et plus généralement la contribution des femmes à la science à cette époque.

 

Manon : Je dirais que je rêverais de rencontrer Katherine Johnson, fabuleuse scientifique engagée.

 

Anna : Si je devais en choisir qu’une, ce serait Marie Curie. Elle a longtemps vécu dans l’ombre de son mari, alors qu’elle est à l’origine de grandes découvertes. Première femme à recevoir un prix Nobel et la seule à en avoir reçu deux dans deux disciplines différentes, elle a révolutionné notre compréhension de la radioactivité et permis des avancées majeures en médecine. À une époque où les femmes commençaient à peine à être reconnues non seulement dans le domaine scientifique mais aussi en règle générale, elle a su s’imposer et marquer l’histoire.

Je tiens aussi à saluer mes encadrantes de thèse, Nathalie Bourgougnon, Anne-Sophie Burlot et Nolwenn Terme, qui m’inspirent, me soutiennent et me prouvent chaque jour que les femmes ont toute leur place dans la science.

 

Jeanne : J’aimerais beaucoup échanger avec Clémence Perronnet, une sociologue française. Ses travaux portent sur les questions de genre notamment vis-à-vis des sciences et de la culture scientifique. Ses analyses sont une source d'inspiration pour mes propres travaux. Clémence Perronnet est une chercheuse engagée, qui n'hésite pas à prendre position dans le débat public sur les questions de genre et de sexualité. Son engagement intellectuel et social est un modèle pour moi, qui souhaite mener une recherche utile et socialement pertinente.

Qu’aimerais-tu dire à une jeune fille qui hésite à se lancer dans les sciences ?

Mama Salimata : Laisse-toi guider par ta passion et crois en toi ! Assez cliché je sais mais on a tendance à dire aux femmes qu’elles ne doivent pas faire des études longues ou trop compliquées (surtout en Afrique). Mais… c’est faux. Que tu aimes les maths, la chimie ou l’informatique, donne-toi les moyens de réussir ! Ce n’est pas toujours facile mais nous avons des préjugés à déconstruire. Donc fonce ! Et comme mon père dit « Vise la lune car même si tu tombes tu pourras au moins décrocher une étoile. »

 

Manon : Je lui dirais de croire en elle, de faire ce qu'elle aime et de s’écouter !

 

Anna : Toi qui as longtemps hésité, rappelle-toi que nous sommes toutes passées par là. Une phrase m’a particulièrement marquée : « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. » Alors ose être cette lumière ! Trouve ta voie, exprime ta passion pour la science, sois toi-même et bouscule les codes. C’est pour la science !

 

Jeanne : Je dirais à cette jeune fille d’oser, d’expérimenter et d’explorer. Les sciences sont avant tout une aventure riche en rencontres et en expériences. C'est en faisant que tu apprendras et que tu découvriras si les sciences sont faites pour toi. Je lui dirais également de croire en elle et de ne pas s’auto-censurer ; les sciences sont faites pour tout le monde !

Nos 4 doctorantes interviewées

Mama Salimata LAYE 

Elle est doctorante en sciences pour l'ingénieur à l’IRDL, sous la direction de Jean-François Feller. Son sujet de thèse : Le développement de senseurs nanocomposites polymères pour le suivi des plaies par l'analyse du volatolome.

 

 

 

Manon LOBJOIS

Elle est doctorante en économie et gestion au laboratoire LEGO, sous la direction d’Agnès Lecompte. Son sujet de thèse : Les produits d'ici pour les habitants d'ici : étude des blocages et leviers d'une distribution locale.

 

 

Anna DENIEL

Elle est doctorante en sciences de la mer et du littoral, au laboratoire LBCM, sous la direction de Nathalie Bourgougnon. Son sujet de thèse : Nouveaux ingrédients enrichis en protéines EXTRaits d'espèces d'algues cultivées en Bretagne pour le secteur de la restauration hospitalière. Anna participe cette année au concours Ma Thèse en 180 secondes.

 

Jeanne LEMARIÉ

Elle est doctorante en économie et gestion au laboratoire LEGO sous la direction de Yolande Piris. Son sujet de thèse : L'influence des stéréotypes de genre sur les décisions d'orientation vers les filières scientifiques

 

Crédits photographiques : ©Université Bretagne Sud. Service Communication