Etudier le biofilm marin

Etudier le biofilm marin : un enjeu d’avenir pour les usagers du nautisme et l’aquaculture marineLe biofilm marin est un problème bien connu des plaisanciers sous le nom de biofouling ou de biosalissures. Il commence à se former dès que la coque du bateau est à l’eau à cause d’une multitude de microorganismes qui s’y accroche. Au laboratoire de Biotechnologie et Chimie Marines (LBCM) de l’UBS, les chercheurs ont pour objectifs de mieux comprendre ces phénomènes pour apprendre à les contrer. Ils tentent notamment de produire des nouvelles surfaces éco-respectueuses empêchant la fixation des microorganismes. En comprenant comment ces microorganismes cohabitent entre eux ou avec d’autres organismes marins, les chercheurs du LBCM pensent pouvoir également développer des agents limitant les biofilms dans le secteur de l'aquaculture ou même de la santé humaine et végétale.

Diminuer l’impact écologique des activités maritimes

A Lorient, au centre de recherches de l’Université Bretagne sud, le Professeur Isabelle Linossier, directrice du LBCM nous raconte :
Un de nos projets financés par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR PAINTS), vise notamment à diminuer l’empreinte écologique des activités maritimes. Comment ? En agissant sur la nature chimique des antifoulings (produits limitant l’apparition du biofilm), aujourd’hui encore principalement constitués de métaux toxiques, en les remplaçant par des surfaces tout aussi efficaces mais plus respectueuses de l’environnement. Ces nouvelles surfaces sont actuellement testées en milieu naturel sur 5 sites répartis entre le Québec, la France métropolitaine et la Réunion dans le but d’être adaptées à différents environnements de navigation. Ce projet présente également un volet sociologique qui vise à comprendre les attentes des usagers sur l'utilisation des antifoulings, puis à les sensibiliser à l'adoption de ces nouveaux produits”.

Développer des probiotiques innovants pour l’aquaculture marine

L’un des projets phares mené par de l’IUT de Quimper à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) est pour le développement de probiotiques innovants pour l’aquaculture marine.
 
A l’IUT de Quimper de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO), 5 enseignants-chercheurs du LBCM tentent de comprendre les interactions entre microorganismes et organismes marins pour développer des probiotiques innovants pour l’aquaculture marine. C’est le projet PAQMAN, financé par le Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP).  « Encore aujourd’hui, nous découvrons de nouvelles espèces de bactéries qui cohabitent avec les animaux marins, ces découvertes offrent de nombreuses possibilités d’études et d’applications », s’enthousiasme le Professeur Yannick Fleury, directeur-adjoint du LBCM.
« Nous souhaitons utiliser l’une de ces nouvelles espèces bactériennes comme probiotique (agent de protection vivant) en aquaculture marine. Isolées de l’huître pour leurs propriétés antibactériennes, ces bactéries participeraient à protéger l’hôte d’autres bactéries nocives. Ainsi les applications seront doubles : augmenter la survie des animaux face aux bactéries nocives, et limiter la formation de biofilm dans l’environnement d’élevage. »

Le LBCM devient une Équipe Mixte de Recherche du CNRS

En janvier 2023, le LBCM est devenu une Equipe Mixte de Recherche (EMR 6076) du CNRS : “C’est une forme de reconnaissance de la qualité de nos activités de recherche, c’est positif pour le laboratoire” indiquent Isabelle Linossier et Yannick Fleury.


Le LBCM fait ainsi partie des 4 lauréats nouvellement nommés EMR CNRS en 2023. La labellisation avec le CNRS permet « d’ouvrir de nouveaux horizons » au LBCM en leur offrant de nouvelles opportunités pour mener des projets de recherche d’ampleur. Les équipes du laboratoire ont maintenant accès à de nouveaux outils, des formations ou des appels à projet réservés aux membres du CNRS. 
Elle augmente aussi la visibilité du laboratoire et favorise l’émergence d’une nouvelle dynamique de recherche. “Notre ambition est de jouer, à court terme, un rôle encore plus important aux niveaux régional, national et international dans la résolution des questions actuelles liées à la compréhension de la dynamique des biofilms, à la réponse aux enjeux écologiques, environnementaux, sociétaux et économiques, particulièrement en milieu marin.” précisent Isabelle Linossier et Yannick Fleury.

Le LBCM : un laboratoire de recherche pluridisciplinaire autour des biofilms marins et de la bioprotection

Le laboratoire de Biotechnologie et Chimie Marines (LBCM), rattaché à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM), est présent sur 3 sites Quimper, Lorient et Vannes. Ce laboratoire est multi-tutelles (UBO, UBS).
 
Sa vingtaine de membres permanents est spécialiste en chimie, biochimie, biologie des organismes, microbiologie ou encore physiologie. 
Cette multidisciplinarité confère au LBCM la spécificité d’une recherche transversale et originale, qui lui garantit une reconnaissance dans le domaine des biofilms marins et de la bioprotection. 
 
Ensemble, ils développent trois axes de recherches autour de cette dynamique :

  • La conception de nouvelles surfaces et les interactions entre les surfaces immergées et les microorganismes
  • Les liens entre le biofilm et la virulence des bactéries qui le compose
  • La bioprotection pour limiter la formation du biofilm

 
Le LBCM est impliqué dans différents programmes de recherche régionaux, nationaux et internationaux et mène des projets en partenariats avec des entreprises locales comme les sociétés Nautix, Armen ou Roullier. Au niveau national, le laboratoire est en lien avec des chercheurs des universités de Toulon et Rouen-Normandie, entre autres. A l’international, avec des universitaires du Texas, de l’Australie et de l’Indonésie.