À l’UBS, on imagine le voilier soutenable du futur

À l’UBS, on imagine le voilier soutenable du futurÀ quoi ressemblera le voilier soutenable de demain ? On s’est posé la question avec Christophe Baley, professeur des universités, chercheur à l’IRDL et co-organisateur d’un forum pluridisciplinaire sur le sujet.

Les voiliers de course connaissent des gains de performance phénoménaux, le transport à la voile fait son grand retour… Bref, la voile à le vent en poupe ! Et aujourd’hui, les fabricants s'intéressent de plus en plus à des matériaux alternatifs ayant un impact environnemental réduit. La soutenabilité des activités maritimes ? Cela fait plusieurs années déjà que Christophe Baley, expert en matériaux composites, se penche sur cette problématique. « Le monde de la voile n’est pas déconnecté des problèmes que traverse la société » pose-t-il.

« L’environnement marin est sévère »

Comment construire un voilier propre ? Avec quels matériaux ? Christophe Baley apporte des éléments de réponses dans un article publié en avril 2024 dans la revue Progress in material science et dont il a piloté la rédaction avec Peter Davies, chercheur à l’IFREMER. Les décisions actuelles sont cruciales, car les structures marines sont conçues pour durer des décennies, alertent-ils. 
Dans quelle voie s’engager ? Les auteurs proposent une évaluation des nouveaux matériaux et processus, tout en abordant les questions de recyclage et de durabilité. « Il est indispensable de raisonner sur l’ensemble du cycle de vie du bateau » insiste le chercheur « et de veiller à le faire durer le plus longtemps possible. » En mer, cela pose bien des défis. « L’environnement marin est sévère. Ça chauffe, ça tape, il y a du sel, des micro-organismes… tout se dégrade plus vite ».

La recherche à l’UBS

 

Alors dans son laboratoire de l’IRDL, Christophe Baley et ses équipes s’activent. « Nous travaillons sur la question du changement climatique et de ses conséquences sur la culture du lin, plante remarquable et cultivée en France dont je souhaite utiliser les cellules pour faire des matériaux » explique-t-il. Autre axe de recherche : la fabrication des voiles à partir de matériaux bio-sourcés, qui occupe « une thèse et un post-doc. » Enfin, les chercheurs étudient de près le caractère biodégradable des matériaux composites dans des conditions très particulières : les grands fonds marins.


Lorsqu’on lui demande s’il pourra donc bientôt proposer des solutions aux fabricants de voiliers, l’enseignant-chercheur cite Antoine de Saint-Exupéry : « Dans la vie, il n’y a pas de solution, il n’y a que des forces en marche : il faut les créer, et les solutions suivent ». Et de nuancer : « J’aurais plutôt dit les réponses suivent. » 
Voilà l’enjeu du forum Mer et Composites du 10 septembre : dépasser la publication scientifique, transmettre, partager, et surtout poursuivre la réflexion dans une logique pluridisciplinaire.

Réfléchir au voilier d’après-demain ?

Mardi 10 septembre, les promeneurs pourront admirer les voiliers du Défi Azimut, amarrés aux pontons de Lorient La Base et parés à s’élancer dans la course. Au même moment, côté quais, on va s’asseoir autour de la table et réfléchir : chercheurs, architectes navals, mais aussi acteurs du monde de la plaisance et du transport maritime, ont répondu présents pour imaginer ensemble le voilier de plaisance, de course et de transport à moindre impact de demain. « On a la chance à Lorient d’avoir une multiplicité d’activités : course, commerce, pêche… On peut croiser les regards » se réjouit Christophe Baley. Mais attention : « il faudra pousser la réflexion au-delà de la simple construction du bateau ou de son cycle de vie » avertit le chercheur. 

 

Car le voilier soutenable de demain doit être conçu en intégrant de nombreux paramètres. Notamment son usage et ses futures pratiques : « les propriétaires de voiliers dans la rade de Lorient ont en moyenne 70 ans, cela pose question. » Christophe Baley pointe aussi le futur contexte législatif – « quelles normes pourraient encadrer les pratiques demain ? » – ou encore le contexte et l’environnement – « un voilier propre dans un port en mauvais état, ça n’a pas de sens. »

 

D’ailleurs, le chercheur préfère réfléchir au voilier d’après-demain. « Penser à demain, c’est chercher des solutions techniques à court-terme, pour optimiser des modèles contemporains. Quand on parle d’après-demain, on ouvre un espace de créativité à plus long-terme. » 

Forum Mer & Composites

La 3ème édition du forum Mer & Composites a pour thème « Dessine-moi un voilier soutenable et imagine son usage ! » Il est organisé par l’UBS, le laboratoire IRDL et Audélor-Lorient Technopole, dans le cadre du Défi Azimut, le 10 septembre à la Cité de la voile Éric Tabarly, à Lorient.

 

Crédits photographiques : ©Université Bretagne Sud. Service Communication