Que faire des sédiments de dragage ? Des chercheurs de l’UBS étudient comment les valoriser

Que faire des sédiments de dragage ? Des chercheurs de l’UBS étudient comment les valoriserDes chercheurs de l’UBS étudient des pistes de valorisation pour les sédiments de dragage, qui sont aujourd’hui rejetés en mer ou stockés à terre.

Les ports bretons s’envasent. Pour maintenir leur activité, le dragage est une nécessité. Une grande partie des sédiments extraits est rejetée en mer. Mais cette solution atteint ses limites, d’autant que certains sédiments ne peuvent être immergés et sont entreposés à terre, faute d’alternative.

 

« Leur valorisation est incontournable », affirme Arnaud Perrot, enseignant-chercheur à l’IRDL à Lorient. « Et pour que cette valorisation soit viable, il faut une filière locale. » Problème : aucune solution industrielle n’existe encore. À l’IRDL, une équipe de quatre chercheurs se penche sur la question.

Une cartographie des sédiments bretons

« En travaillant plus spécifiquement sur les cas de Lorient, de Morlaix, et de la Rance, on a rapidement établi qu’à l’image des sols, les sédiments varient selon les zones géographiques », souligne Arnaud Perrot. Impossible donc d’envisager une solution unique pour la valorisation. Miakonirainy Razafitrimo est doctorante à l’IRDL, sous la direction d’Arnaud Perrot. Pour mieux comprendre ces variations et établir une cartographie des sédiments, elle a collecté des sédiments de toute la Bretagne (La-Trinité-sur-Mer, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Concarneau…). Objectif : établir un guide technique du réemploi et identifier les meilleures pistes de valorisation en fonction des propriétés des sédiments.

 

Mais avant toute réutilisation, une question se pose. Puisque les sédiments stockés à terre sont généralement pollués, quand deviennent-ils exploitables ? « Stockés à terre, ils sont lavés par la pluie et finissent par atteindre un niveau de pollution conforme aux normes », explique Arnaud Perrot. « En laboratoire, nous analysons aussi la quantité d’eau nécessaire pour venir au bout de ce processus et déterminer sous combien de temps ils peuvent être utilisés. »

Des briques en sédiments de Lorient ?

À Lorient, où Arnaud Perrot et son équipe travaillent en étroite collaboration avec l’agglomération, une première piste semble se dessiner. Sur l’étagère du chercheur, dans son bureau à l’ENSIBS où il enseigne, on trouve… des briques de terre. Elles ont été fabriquées dans le laboratoire de l’IRDL, à partir des sédiments du port de Lorient, plus précisément de la base sous-marine.

 

 

« Les premiers essais démontrent que cette voie est envisageable localement et qu’on arrive à fabriquer des produits performants avec ces déchets » annonce Arnaud Perrot. « Les sédiments de Lorient sont fins et ils se prêtent très bien à ce type de réemploi ». Pour autant, ce n’est pas une solution viable pour tous les ports. « À Morlaix, les résultats sont moins concluants. Leur forte teneur en matière organique complique cet usage. » Là-bas, des chercheurs du Cerema mènent des études complémentaires pour un réemploi sous forme de terres supports de culture.

 

Enfin, pour tester ces solutions à plus grande échelle, les chercheurs collaborent avec le Groupe Pigeon, spécialiste des travaux publics. « Ça nous permet de passer du laboratoire aux applications concrètes. »

Une stratégie régionale à construire

Le 24 avril, l’UBS organise une journée de conférence dédiée au sujet. L’événement rassemble chercheurs, professionnels du secteur portuaire, entreprises et représentants des collectivités locales pour échanger autour des pratiques et perspectives innovantes en matière de gestion des sédiments marins et travailler à structurer des réponses locales et efficaces.

 

Crédits photographiques : ©Université Bretagne Sud. Service Communication