" Prière de ne pas nourrir les maîtres de conf "

" Prière de ne pas nourrir les maîtres de conf "L’UBS a 30 ans ! 30 ans d’histoire et d’anecdotes. Alors pour l’occasion, on a discuté avec celles et ceux qui ont vu et fait grandir notre université. Épisode 1 de cette série d’articles : on parle algeco, bureau rangé et polymères avec Jean-François Feller et Stéphane Bruzaud.

Le bureau de Jean-François Feller et Stéphane Bruzaud au centre de recherche de Lorient est impeccable. Mais ne vous y trompez pas : ils n’ont pas toujours été aussi bien installés. À leur arrivée à l’UBS en septembre 1996, ils occupaient le bureau du fond… de l’algeco, sur le parking du Paquebot (Faculté Lettres, Langues, Sciences Humaines & Sociales) !

Tout à construire, y compris le bureau

« On apprécie les bureaux rangés. Pour ça, on s’est bien trouvés » reconnaissent les deux enseignants-chercheurs à l’IRDL. Et ça tombe bien, puisqu’ils partagent le même bureau depuis 30 ans.

 

Tous deux ont été recrutés la même année comme maîtres de conférences. Jean-François en physique des polymères, Stéphane en chimie des polymères. Ils n’ont pas 30 ans et arrivent de laboratoires anciens et bien établis. À Lorient, tout est encore à faire.

 

« À l’époque, dans l’ouest, on était les seuls sur les polymères », se rappelle Stéphane. Leur mission : lancer la formation en polymères et composites et amorcer une activité de recherche dans ce domaine pour la toute jeune Université Bretagne Sud. Tout est à construire. Y compris leur espace de travail !

 

« L’architecte avait dimensionné le Paquebot pour quelques bureaux, mais pas pour nous. » Qu’importe, on installe un algeco sur le parking. « Au moins, les étudiants nous trouvaient facilement ! » concèdent-ils avec philosophie.

 

L’algeco est rapidement surnommé la chaloupe. Les deux jeunes recrues s’installent dans le bureau du fond pour être tranquilles. Ils tirent les câbles, installent la connexion internet. Les fenêtres sont équipées de grilles pour sécuriser le matériel. « On aurait dit une cage. Alors on a mis un panneau “Prière de ne pas nourrir les maîtres de conf” », racontent-ils amusés.

 

L’expérience dure 2 ans, le temps que le centre de recherche sorte de terre. Et quand les cloisons sont posées, ils sont les premiers à choisir leur futur bureau. La vue est dégagée, donne plein sud… Ils l’occupent toujours aujourd’hui.

 

Carte blanche

De cette période un peu bricole, ils gardent le souvenir d’un moment de grande créativité. Tout était à inventer. Les enseignements, les TP, les investissements dans le matériel à réaliser judicieusement. « On avait carte blanche… mais pas carte bleue ! » Il a aussi fallu s’ancrer localement et se constituer un réseau. « Les entreprises du territoire n’avaient pas l’habitude de croiser des universitaires et des chercheurs. Je mettais une veste de costume pour faire sérieux ! » raconte Jean-François. Il y a eu des prises de risque aussi. « Lorsqu’on a créé la formation en éco-conception des polymères et composites (ECPC), on était parmi les premiers en France, ce n’était pas si évident à l’époque » se souvient Stéphane.

 

 « Cela a pris une dizaine d’années pour consolider l’activité » estime Jean-François. « Mais ça a payé ! » Aujourd’hui, ils regardent le chemin parcouru avec fierté. « On est parti de pas grand-chose, mais le résultat est là et on a une équipe de recherche reconnue à l’échelle nationale et internationale. »  Et s’ils ont quitté la « chaloupe » depuis longtemps, dans leur bureau flotte encore l’esprit des débuts, entre deux piles de dossiers bien rangées.

 

Crédits photographiques : ©Université Bretagne Sud. Service Communication