La Science Politique : Une nouvelle vague d'engouement dans les Universités Bretonnes

La Science Politique : une nouvelle vague d'engouement dans les Universités BretonnesÉléanor Breton, Maîtresse de conférences à l'Université Bretagne Sud, nous éclaire sur la multiplication des Licences en Science Politique en Bretagne et plus largement en France.

Carte du monde, science politique

Tendance nationale ou rattrapage nécessaire ?

Les formations en science politique, longtemps marginalisées dans les universités françaises, connaissent aujourd'hui un essor remarquable. Autrefois cantonnées aux Instituts d'Études Politiques (IEP) et à Sciences Po Paris, ces filières gagnent du terrain au sein de l’enseignement supérieur public. En 2014, seules une dizaine de licences en science politique existaient en France ; aujourd'hui, ce chiffre a doublé, atteignant 20 licences. Cette croissance rapide peut être interprétée comme un rattrapage par rapport à des pays comme l'Angleterre, où ces formations sont bien plus développées depuis longtemps.

Un engouement multifactoriel

Plusieurs facteurs expliquent cet engouement croissant des étudiants pour la science politique. La nature généraliste de cette discipline permet de retarder la spécialisation et offre un large éventail de débouchés professionnels. L'introduction de l'option Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP) au lycée en 2020 a également renforcé cet intérêt. Par ailleurs, la réputation d'excellence des IEP et de Sciences Po attire de plus en plus de candidats, bénéficiant ainsi aux formations universitaires en science politique.

Des défis à relever pour les Universités

Cependant, cette popularité croissante pose un défi aux universités, dont les capacités d'accueil sont limitées. Dès 2014, les associations professionnelles alertaient sur le manque de places. Bien que de nouvelles formations aient été ouvertes, notamment en Bretagne, l'écart entre l'offre et la demande reste considérable. Les politiques de réduction des moyens et des recrutements à l'université n'aident pas à combler ce fossé. Ainsi, malgré les incitations du Ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI) à ouvrir des formations en science politique, les moyens alloués restent insuffisants pour répondre à l'engouement des étudiants.

Des débouchés variés et une complémentarité avec le droit

Les débouchés pour les diplômés en science politique sont nombreux : collectivités locales, institutions étatiques, européennes, internationales, cabinets de conseil et d’audit en évaluation des politiques publiques, ONG, secteur associatif, etc. Les transformations rapides de nos sociétés poussent les employeurs à privilégier des profils généralistes, capables de s'adapter facilement.

Associer droit et science politique dans une licence présente également de nombreux avantages. Les objets d'étude de ces deux disciplines sont proches, mais les perspectives diffèrent. Cette complémentarité enrichit les outils de compréhension et d'analyse des étudiants, leur permettant de mieux appréhender les grands enjeux contemporains.

Une nouvelle promotion à l'horizon

À compter de septembre 2025, la première promotion de Licence Droit parcours Science Politique fera sa rentrée au sein de notre faculté Droit & Science Politique. Cette initiative vise à répondre à la demande croissante des étudiants et à former des professionnels polyvalents, capables de naviguer dans les complexités du monde actuel.

Quel profil pour les futurs étudiants de la Faculté Droit & Science Politique ?

Les candidats seront sélectionnés non seulement sur leurs résultats dans les matières de culture générale et des humanités, mais aussi sur leur motivation, leur curiosité, leur intérêt pour l'actualité et leur ouverture sur le monde. Les envies professionnelles des étudiants seront également prises en compte.

En somme, la science politique s'impose comme une filière d'avenir, répondant aux aspirations des étudiants et aux besoins du marché du travail. Reste à savoir si les universités françaises sauront relever le défi de cette demande croissante.

 

Crédits photographiques : ©Faculté DSP