À Hoëdic, des étudiants de l’UBS découvrent un insecte jamais observé en Bretagne

À Hoëdic, des étudiants de l’UBS découvrent un insecte jamais observé en BretagneLa grande famille des coléoptères de Bretagne accueille un nouveau membre ! Son petit nom ? Cercyon laminatus. Et il a été observé pour la première fois dans notre région par un groupe d’étudiants de l’UBS, lors d’un stage de terrain sur l’île d’Hoëdic.

C’est le rendez-vous tant attendu des étudiants de troisième année de licence en sciences de la vie et de la terre : une semaine de stage sur le terrain, avec leurs enseignants, sur la petite île d’Hoëdic. Une semaine d’immersion dans les bottes d’un naturaliste. « On nous en parle depuis la première année ! » raconte Elsa Distefano.

 

Elsa est étudiante en licence 3 SVT biologie générale et cette année en octobre, elle participait avec une trentaine d’autres étudiants à la neuvième saison de cette expédition.

 

« L’objectif pour les étudiants, c’est de monter à l’échelle d’une semaine un vrai mini-projet scientifique » explique Julie Lucas, enseignante chercheure en biologie animale à l’UBS, et qui faisait partie de l’équipe encadrante. Matériel d’échantillonnage, microscopes, livres, appareil photo, caméras… tout est apporté sur l’île pour se mettre en condition. « Nous avons pratiquement vidé la salle de TP de la Faculté des sciences pour installer un vrai laboratoire de recherche, dans le fort Vauban. »

 

 

« On avait le projet le moins glamour »

Répartis en plusieurs groupes, les étudiants ont donc eu une semaine pour explorer l’île d’Hoëdic et mener à bien un projet qu’ils avaient minutieusement préparé en groupe dans les semaines avant le départ.

Pour les uns, leur semaine a été consacrée à l’étude des échinodermes (l’embranchement des oursins et des étoiles de mer), pour les autres, la mission était le recensement des crabes sur l’estran…

Quant au groupe d’Elsa et de trois camarades de classe, Pierre, Jaden et Antoine, ils se sont attelés à l’inventaire… des insectes coprophages de l’île ! Autrement dit, les insectes que l’on retrouve dans les excréments.

 

« On avait le projet le moins glamour » admet Elsa. Pendant que certains de leurs camarades filaient dans l’eau en combinaison et tuba pour étudier les laminaires, le petit groupe confectionnait des pièges à base d’excréments de cheval, mouton, faisan ou encore de lapin. « Je leur ai donné une mission pas facile » reconnait le naturaliste indépendant Lionel Picard, qui accompagne depuis plusieurs années l’expédition et qui encadrait cette année le groupe d’Elsa.

 

 

Mais l’investissement du groupe d’étudiants a été largement récompensé. Car au laboratoire, ils ont découvert sous leur loupe binoculaire une espèce jamais observée en Bretagne. « Celle-ci, on l’a attrapée dans le compost d’un particulier. Au labo, on a utilisé les clés d’identification pour tenter de déterminer de quelle espèce il s’agissait, mais elle ne correspondait à rien de ce qui est recensé. On devenait fou » raconte Elsa. Lionel Picard abonde : « c’est une famille d’insectes que j’étudie beaucoup mais celui-là, je ne l’avais jamais vu. »

 

Eureka ! C’est finalement Pierre un étudiant du groupe qui identifie le suspect. « On était trop contents ! » résume Elsa enthousiaste. Lionel Picard est ravi que ce soit un étudiant qui ait percé le mystère. « Il a procédé de façon méthodique. Moi, je me suis fait piéger par mes habitudes. »

Participer à l’amélioration des connaissances

Alors ce Cercyon Laminatus, qui est-il ? « C’est un insecte de l’immense famille des coléoptères. On sait assez peu de choses sur lui, mais on le trouve dans la matière organique en décomposition » détaille le naturaliste. « Il mesure entre 3 et 4 mm : un géant pour son espèce ! » Les étudiants et leur encadrant ont pu saisir leur découverte sur le portail du Groupe d’étude des invertébrés armoricains (GRETIA), l’association qui recense les découvertes des entomologistes.

« L’état des connaissances en Bretagne sur ces espèces est très lacunaire. Or, ces insectes sont indispensables dans l’écosystème, et même pratiques pour l’agriculture puisqu’ils permettent la décomposition des excréments des champs. Des observations comme celles-ci participent à l’amélioration des connaissances » explique Lionel Picard.

 

L’expérience du terrain

« Cette semaine à Hoëdic donne du sens à toutes les techniques qu’on a apprises ces dernières années en classe » pense Elsa. « On a appliqué des techniques de piégeage des insectes, de dissection, de tamisage… sur des espèces qui ne font parfois que quelques millimètres ! » Un exercice de minutie et de patience. « On a pu comprendre très concrètement à quoi tout cela servait. »

Une expérience de terrain… et de vie en communauté ! Car cette semaine, il a aussi fallu « se faire à manger, aller chercher le pain, sortir les poubelles… » énumère Elsa. Bref, l’autre facette du quotidien d’une équipe de scientifiques sur le terrain. « Il y avait une super ambiance de travail » résume Elsa. « Nous partagions tous le même labo, on se félicitait de nos avancées, on s’encourageait les uns les autres quand les résultats ne suivaient pas… »

Et l’étudiante de conclure : « D’avoir testé le terrain pour de vrai, ça donne confiance pour la suite. »

 

 

Crédits photographiques : ©Elsa Distefano