Convention #1 : Vers une transition climatique et économique durable à l’horizon 2030

Convention #1 : vers une transition climatique et économique durable à l’horizon 2030Dans le cadre de la Convention UBS en 2030, l’Université de Bretagne a organisé, le 10 janvier 2025, une journée de formation-action réunissant plusieurs experts du climat. L’objectif était de partager leur expertise et d’établir un état des lieux des enjeux climatiques actuels. La journée a été ponctuée par des ateliers en petits groupes, permettant aux participants de s’impliquer activement dans la démarche de transition et de réfléchir collectivement aux solutions à mettre en œuvre.

Une question à nos experts

Christian De Perthuis : Économiste - Auteur de Carbone fossile, carbone vivant (Gallimard, 2024) - Université Paris Dauphine-PSL.
Vous parlez de la transition d'un modèle économique basé sur l'abondance vers un modèle plus centré sur la résilience. Qu'est-ce que ce changement de paradigme implique concrètement pour les sociétés et les économies ?
Dans le monde d’hier, l’abondance des biens et services était l’objectif de l’économie. La rareté – du travail, du capital, mais aussi des matières premières – était pensée comme autant de limites à la croissance conduisant à l’abondance. Ainsi, la grande crainte était de manquer, de terres agricoles, de charbon, de pétrole…
Avec le changement climatique, la perspective est bouleversée : trop de charbon, trop de pétrole, trop de gaz d’origine fossile dérèglent le climat et menacent le fonctionnement de nos sociétés. Pour accroître notre résilience, il faut donc introduire de la rareté sur le carbone fossile et sortir de notre addiction aux énergies fossiles. Simultanément, il faut réinvestir dans la diversité du vivant pour réduire les émissions spécifiques de l’agriculture et protéger les puits de carbone forestier et océanique. Cette action sur le carbone vivant rattache l’action climatique à lutte contre l’érosion de la biodiversité.

 

Luc Aquilina : Professeur en sciences de l'environnement à l’Université de Rennes.

L'Anthropocène est souvent décrit comme l'époque où l'humanité a pris le contrôle des processus naturels à une échelle sans précédent. Comment cette ère affecte-t-elle notre relation avec la planète et quelles sont, selon vous, les conséquences les plus graves de cette rupture avec les limites planétaires ?

L'Anthropocène marque une rupture fondamentale dans notre relation avec la planète. L’humanité a transformé les écosystèmes à une échelle globale, modifiant le climat, les cycles de l’eau, la biodiversité et les sols. Les conséquences sont visibles : le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, l'acidification des océans et les perturbations des cycles naturels. Cette rupture nous oblige à reconsidérer notre modèle de développement et à repenser la manière dont nous exploitons les ressources naturelles. L'Anthropocène n'est pas simplement une époque de crise, mais aussi une occasion de redéfinir notre relation avec la Terre, en adoptant des pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement.

 

Thibaut Lecompte : enseignant-chercheur dans l’ingénierie des matériaux à l'Université Bretagne-Sud

Vous soulignez que l'atténuation et l'adaptation sont deux démarches souvent opposées, mais qu'il est crucial de les mener de front. Pourquoi cette complémentarité est-elle si importante ?

Effectivement, l'atténuation et l'adaptation sont souvent perçues comme deux approches distinctes, voire opposées. L'atténuation vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour faire en sorte que le réchauffement climatique reste en dessous d'un seuil critique pour la vie sur terre. L'adaptation consiste quant à elle à ajuster nos infrastructures et nos pratiques aux conséquences inévitables du changement climatique. Mais ces deux démarches doivent absolument être menées de front. Prenons l'exemple de la Bretagne, une région particulièrement exposée aux risques de montée des eaux et d'érosion côtière, et dont l'empreinte carbone est très dépendante de l'agriculture et de l'élevage. Nous devons non seulement limiter les émissions, en développant les énergies renouvelables, en tendant vers une agriculture bretonne plus durable et en ayant surtout des modes de vie plus sobres ; mais il faut aussi nous préparer à ces phénomènes en adaptant le littoral, nos habitats et nos pratiques agricoles aux nouvelles réalités climatiques. Ce double objectif permet d'être moins vulnérable face aux conséquences du changement climatique tout en continuant à lutter pour limiter ce réchauffement.

Des équipages prêts à embarquer

Pour cette première séance, 4 équipages composés d'élus, de directions de composante, de laboratoire, de service, des référents DD-RS, d'étudiants,  embarqué ont été répartis en équipage, afin de partager et réfléchir aux enjeux d'adaptation et d'atténuation que doit relever l'université dans sa transition à l'horizon 2030. D'autres séances, avec différentes thématiques se poursuivent jusqu'en mai 2025.

 

 

Crédits photographiques : ©Université Bretagne Sud. Service Communication