Pédagogie : et si le jeu était la clé ?

Pédagogie : et si le jeu était la clé ?Un skipper de la course au large Arkéa Ultim Challenge a été enlevé ! Il faut identifier le ravisseur, libérer l’otage et déjouer une tentative de piratage informatique de la course. Voilà le scénario conçu par Fabrice Coniel et Laurent Guillet, respectivement enseignant et enseignant-chercheur en formation QLIO à l’IUT de Lorient et… grands amateurs d’escape game !

Quizz, serious game et escape game 

Fabrice Coniel en est convaincu : le ludique a toute sa place dans la pédagogie. C’est en 2008 qu’il conçoit ses premiers jeux éducatifs. « J’ai créé mes premiers petits questionnaires. » Moodle n’en est qu’à ses balbutiements. Wooclap n’existe pas encore. Puis, il reprend la matière d’anciens contrôles et construit des serious game, jeux qui mélangent contenu sérieux et ressorts ludiques et dont le but principal est autre que le divertissement « J’ai construit des jeux en ligne où pour passer d’une page web à l’autre il faut résoudre des problèmes. Je l’ai proposé aux étudiants pour leurs révisions. » Résultat : l’enseignant constate que les jeunes pratiquent. « Même encore aujourd’hui ça marche du tonnerre. » 

Des enseignants de formation QLIO testent l'escape game conçu par par Fabrice Coniel et Laurent Guillet

Plus récemment, il s’est mis à concevoir des escape game, ces jeux d’évasion qui consistent à résoudre des énigmes pour se sortir d’une situation critique. « Des étudiants qui étaient passifs deviennent actifs. Ils oublient qu’ils sont en cours. Le côté adrénaline, la compétition, tout ça prend le dessus. Ils y croient ! » Laurent Guillet a lui aussi pris l’habitude de faire « jouer » ses élèves : « les jeux, ça crée des ruptures, ça casse la monotonie. Sans ça, l’attention se perd. » Il conseille toutefois aux enseignants qui seraient tentés d’intégrer le jeu dans leur cours de « ne pas perdre de vue que l’objectif premier, c’est d’acquérir des connaissances et des compétences. » 

Penser différemment son enseignement 

Concevoir un jeu implique de penser différemment son enseignement : « On ne donne plus simplement des réponses. Concevoir son cours sous forme de jeu oblige à raisonner sous forme de questions, à poser des problèmes » explique Fabrice Coniel. Est-ce bien à la portée de tous les enseignants ? Et pour toutes les matières ? L’enseignant est formel : « oui ! » C’est peut-être aussi, ajoute-t-il, une façon efficace d’adapter son cours aux changements. « On ne peut plus livrer un cours en disant simplement « c’est ça et c’est pas autrement » » .

Fabrice Coniel lors d'une démonstration d'escape game pédagogique

Concevoir des jeux grâce à l’IA 

Mercredi 29 mai 2024, la vingtaine de joueurs de l’escape game spécial course au large de nos deux enseignants ne sont pas des étudiants, mais des enseignants venus des quatre coins de la France pour participer aux journées nationales de la formation QLIO, que l’IUT de Lorient a accueilli cette année-là dans ses murs. Et si en apparence, la thématique n’a pas grand-chose à voir avec les éléments de cours classiques de cette formation, une démonstration discrète se cache dans toutes les étapes du jeu : elles ont été conçues à l’aide d’outils d’IA. « Concevoir un jeu, ça demande du temps et du travail » concède Fabrice Coniel. « Mais il existe maintenant des outils pour nous aider ». « Même si concevoir un jeu nécessite forcément un minimum de créativité humaine » rappelle Laurent Guillet.  

Cet article fait partie du Livre blanc de la pédagogie, édité à l'occasion de nos journées d'été de la pédagogie 2024. En réunissant retours d’expérience et perspectives, il se veut une ressource pour la communauté universitaire et une invitation à la réflexion collective pour inventer l’apprentissage des années à venir.

Bonne nouvelle, les journées d’été de la pédagogie reviennent en 2025 ! Rendez-vous les 10 & 11 juin 2025 pour la seconde édition. Inscriptions ouvertes bientôt.

Crédits photographiques : ©Université Bretagne Sud. Service Communication